Petit lexique de la vie monastique

Abbé : de l’araméen abba qui signifie « papa ». Supérieur d’un monastère, il donne son nom à celui-ci qui devient une abbaye. L’abbé est élu par tous les moines qui ont le droit de vote, à la majorité des deux tiers. La règle de saint Benoît, en deux chapitres importants (2 et 64), indique toute l’étendue de sa charge sur les membres de sa communauté et sur son monastère.

Acédie : mal de l’âme qui s’exprime par l’ennui, le dégoût pour la prière, la pénitence, la lecture spirituelle. Elle est considérée comme l’un des sept péchés capitaux.

Anachorète : un ermite ou anachorète est une personne, le plus souvent un moine, qui a fait le choix d’une vie spirituelle dans la solitude et le recueillement. Les ermites étaient à l’origine appelés anachorètes (du grec anakhôrein), l’anachorétisme (ou érémitisme) étant l’opposé du cénobitisme. L’ermite partage le plus souvent sa vie entre la prière, la méditation et le travail. Dans l’isolement volontaire, il est à la recherche ou à l’écoute de vérités supérieures ou de principes essentiels. L’expérience érémitique, dans sa composante spirituelle, s’approche souvent du mysticisme.

Anges : du latin angelus emprunté au grec ángelos, « messager » ; calque de l’hébreu malakh, « messager ». L’ange est une créature céleste dans de nombreuses traditions, notamment dans les trois religions abrahamiques et dans l’Avesta. Ce terme désigne un envoyé de Dieu, c’est-à-dire un intermédiaire entre Dieu et les hommes. Parfois il transmet un message divin, parfois il agit lui-même selon la volonté divine.

Antienne : du grec antiphoné qui signifie « qui répond à ». C’est le refrain, souvent bref et de préférence chanté, avant et après un psaume ou, plus rarement, entre les strophes d’un hymne. Musicalement, l’antienne est l’ancêtre du refrain.

Chanoine régulier : les chanoines réguliers ont été institués sous le règlement d’Aix-la-Chapelle, en 816, par Louis le Pieux, sous la règle de saint Augustin les distinguant des moines. Ce dernier n’avait pas laissé de texte normatif proprement dit, mais plutôt une série de conseils généraux qui préconisaient une vie consciencieuse et sans négligence, moins austère que la vie monacale. Il s’agissait de communautés créées pour desservir des lieux de culte catholique : cathédrales, collégiales ou plus simplement églises paroissiales. Ils vivaient en communauté, ils pouvaient manger de la viande et porter du lin, ils jouissaient donc d’une certaine liberté. Par contre, ils s’engageaient à vivre dans une clôture interdite aux femmes. Ils étaient prêtres et desservaient les lieux de culte.

Chapitre : nom donné à la salle d’un monastère où l’abbé fait chaque matin à la communauté la lecture d’un chapitre de la règle de saint Benoît d’où son nom. C’est aussi le lieu des réunions et des échanges en vue des votes sur les grandes décisions communautaires.

Chantre : moine qui reçoit la charge de composer, avec plusieurs autres, le chœur du monastère. Une bonne voix est exigée, ainsi que la possibilité de lire la musique. À la messe, le petit chœur des chantres qui se réunit au milieu se nomme la schola.

Chant grégorien : chant de l’Église romaine dont les codes ont été définis sous le pape Grégoire Ier le Grand. Sa grande beauté peut facilement illustrer l’adage de saint Augustin : « Chanter, c’est prier deux fois » !

Chœur : ensemble des moines qui chantent l’office ; également lieu de l’église où se passent les offices. Ce sont donc les offices chorals.

Cénobite : du grec koinos bios qui signifie « vie commune ». Moine vivant en communauté.

Contemplatif : religieux dont l’orientation de vie est davantage tournée vers la méditation, la réflexion et l’étude que vers l’action. Il est habituellement membre d’une congrégation monastique cloîtrée, dite contemplative, à la différence des congrégations actives, consacrées aux œuvres extérieures.

Congrégation : association de religieux, de moines, vivant sous une règle établie par le fondateur et regroupant plusieurs communautés. Elle a à sa tête un supérieur général, dont dépend chaque petite communauté.

Diable : du grec diabolos qui signifie « diviseur », « celui qui désunit ». C’est l’esprit du mal. Dans la foi chrétienne, son nom est Satan ce mot, en hébreu, signifiant « accusateur ». Il est l’ange déchu qui s’est révolté contre le Créateur et qui incarne suprêmement le mal.

Discernement : le discernement spirituel est un don nécessaire pour celui qui pratique l’accompagnement, par exemple des novices ou des pénitents. Le discernement est marqué fondamentalement par une aptitude à reconnaître l’action de Dieu dans les personnes accompagnées.

Ermite : du grec eremos qui signifie « désert ». Nom du moine qui a quitté le monastère pour mener en solitaire le combat du désert.

Eschatologie : du grec eskhatos qui signifie « dernier ». Ensemble de doctrines et de croyances portant sur le sort ultime de l’homme et de l’Univers.

Frère : nom que se donnent les moines entre eux, du fait qu’ils ont le même père du Ciel, Dieu, et le même père de la Terre, le père abbé du monastère.

Heures canoniales : du grec kânon qui signifie « règle ». Ce sont les sept offices célébrés aux heures prescrites par la règle au cours de chaque journée.

Laudes : nom de l’office du lever du jour. Il vient directement du latin laudes qui signifie « louanges », parce que ces louanges s’adressent à Dieu plus particulièrement lorsque le soleil se lève, symbole de la résurrection du Christ, au matin de Pâques.

Liturgie : du grec leitourgia : leitos qui signifie « public », et ergon, « œuvre ». C’est l’ensemble des règles fixant le déroulement de tous les offices qui composent la prière de l’Église : prières quotidiennes, prières hebdomadaires et célébrations annuelles. C’est l’Œuvre du Christ et l’Œuvre de l’Église. C’est par la liturgie que le peuple de Dieu – et donc les moines – rend le vrai culte à Dieu, par le Christ. Ils y entendent la Parole de Dieu et répondent par les chants et les prières. Le sommet de toutes les actions liturgiques est l’eucharistie : sacrement du corps et du sang du Christ. Dieu s’y donne à nous et nous nous offrons au Père, par le Christ. La liturgie est la nourriture de la vie spirituelle.

Liturgie des heures : règles qui définissent les répartitions et les conditions de la célébration des offices de la journée. Elle se répartit en sept heures canoniales que voici : vigiles, laudes, tierce, sexte, none, vêpres, complies. Au point focal se place la messe ou eucharistie.

Moine ; monachisme : du grec ancien monos qui signifie « solitaire » et plus particulièrement « célibataire ». Le monachisme est l’état et le mode de vie de personnes qui ont prononcé des vœux de religion et font partie d’un ordre dont les membres vivent sous une règle commune, séparés du monde : les moines (moniales au féminin).

Novice : personne qui, nouvellement entrée dans un monastère, passe un temps d’épreuve avant de prononcer ses vœux, de faire profession. Il loge dans le bâtiment du noviciat, sous la direction du père maître des novices. Ce temps dure une année complète, mais il est précédé du temps du postulat, qui dure d’un à deux ans et qui prépare le noviciat.

Oblat : un oblat est un membre d’une communauté sans être canoniquement membre de l’ordre monastique correspondant et sans prononcer de vœux. Dans la pratique moderne, de nombreuses communautés bénédictines par exemple ont un plus ou moins grand nombre d’oblats séculiers, c’est-à-dire vivant dans le siècle, dans le monde. Ce sont soit des laïcs, soit des membres du clergé affiliés par la prière à un monastère de leur choix. Ils font une promesse formelle privée, renouvelable chaque année ou pour la vie, de suivre la règle de saint Benoît dans leur vie privée à la maison et au travail, au plus près de leur situation particulière et des engagements antérieurs pris. Dans certains ordres, les oblats peuvent être des hommes ou des femmes, mariés ou célibataires. Les non-catholiques peuvent aussi être reçus comme oblats d’un monastère catholique.


Ordres dans la tradition chrétienne, les ordres religieux sont des associations d’hommes ou de femmes qui s’engagent à suivre le Christ dans une vie évangélique. Les membres sont liés publiquement, ou parfois en privé, par des vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance en vue de mener une vie consacrée. Chaque ordre à une orientation particulière, donnée par son fondateur, par exemple Benoît pour les bénédictins, François pour les franciscains…

Office : dans la règle de saint Benoît, la prière communautaire est appelée Opus Dei ou « Œuvre de Dieu ». La traduction est devenue « office divin ». C’est l’équivalent des heures monastiques (cf. Heures canoniales).

Pères du désert : ce nom est donné aux premiers moines, d’abord solitaires à la suite de saint Antoine le Grand, ermite du désert d’Égypte. De véritables légions se mirent sous l’autorité des plus grands et des plus saints d’entre eux, dont les paroles étaient recueillies précieusement et conservées sous le nom dapophtegmes (qui signifie « sentences »). Ils ont donné son élan à tout le monachisme qui a suivi. Ce serait grâce à la « Vie d’Antoine » trouvée dans une forêt vosgienne par des officiers de l’empereur romain, vers l’an 350, que s’est propagée la vie monastique, notamment avec saint Martin.

Petites heures (tierce, sexte, none, complies) : ce sont les offices de moindre longueur, entre 12 et 18 minutes, qui scandent la journée au monastère pour constituer le nombre précieux de 7, selon le verset du psaume : « Seigneur, je te louerai sept fois chaque jour » (Psaume 118, 164).
Le nom de ces petites heures est calqué sur le nom latin : le lever du soleil étant arbitrairement fixé à six heures, l’office de tierce sera chanté à la troisième heure, c’est-à-dire 9 heures. L’office de sexte sera à la sixième heure, c’est-à-dire midi. Quant à none, qui signifie neuvième heure, les moines le chantent vers 15 heures. Enfin, complies vient du nom latin de cet office, completorium, qui signifie « accompli ». C’est l’ultime office du jour, avant le coucher. Il se termine sur le chant à Notre-Dame, Salve Regina ou Ave Regina Caelorum.

Psalmodie : c’est la manière de chanter les psaumes de l’office divin. Les psaumes sont tirés de la Bible où ils forment un livre de 150 prières. Ces psaumes constituaient l’essentiel de la prière au Temple de Jérusalem et la tradition en attribue un certain nombre au roi David qui les aurait mis en musique à l’aide du psaltérion, proche de nos cithares actuelles. Jésus les a priés, comme tout bon Juif de son temps et sur la Croix, il a repris un verset du psaume 21 qui prophétisait tout son mystère pascal : sa passion, sa mort et sa rwésurrection. Ces psaumes sont répartis dans l’espace d’une semaine, selon la consigne de saint Benoît. Ils peuvent mettre l’accent certains jours sur tel ou tel aspect du mystère chrétien : dimanche, c’est Pâques ; vendredi, la Passion ; samedi, l’attente de la Résurrection ; jeudi, l’Eucharistie ; lundi, la Création. La psalmodie est une prière tout empreinte de paix : il y a un dialogue entre les chantres et les frères de la communauté, préfigurant le dialogue de chacun avec Dieu. Les tons musicaux sont choisis dans la tonalité grégorienne et contribuent à l’atmosphère pacifique de la prière monastique.

Sacrements : actes rituels fondés par le Christ et qui ont pour but de sanctifier celui ou celle qui les reçoivent. Le mot latin sacramentum veut exprimer à la fois un signe visible et une réalité cachée. Tous les sacrements sont fondés sur une Parole, comme, par exemple pour le baptême : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » ; pour l’eucharistie : « Ceci est mon corps… ». Et pour certains il y a une matière porteuse : l’eau, le pain et le vin, l’huile, etc. Les sept sacrements sont donc : le baptême ; la confirmation ; l’eucharistie (ces trois s’appellent « sacrements de l’initiation ») ; la réconciliation (ou pénitence) ; l’onction des malades ; le mariage et l’ordre (ordination des diacres, des prêtres et des évêques).

Sacramentaux : rites de sanctification, signes sacrés (bénédiction, procession, eau bénite, crucifix, etc.) institués par l’Église pour obtenir un effet d’ordre spirituel. Ils sont principalement orientés vers la préparation et l’obtention des sacrements. Dans notre récit, deux cérémonies évoquées sont des sacramentaux : d’une part, le rite de la profession monastique (les vœux) ; d’autre part, l’exorcisme qui ne peut être pratiqué que par le prêtre dûment mandaté par l’évêque du lieu.

Vêpres : du latin vespera qui signifie « soir », et du grec hesperos qui veut dire « coucher du soleil ». Nom donné à l’office du soir. Cet office marque la fin de l’après-midi et le début de la soirée. Il marque également le changement de jour liturgique, commémore la création du monde et en célèbre la beauté. La veille des grandes fêtes et solennités sont célébrées les premières vêpres. À la fin de cet office est toujours repris le chant de la Vierge Marie, le Magnificat.

Vigiles (ou matines) : premier des sept offices de la journée monastique. Il est destiné à sanctifier le temps de la nuit. Il est caractérisé par une psalmodie prolongée (récitation de psaumes alternés), entrecoupée de lectures longues et du chant de répons destinés à l’intériorisation des lectures. L’heure de son début était calculée de manière à ce que l’office des laudes qui le suit commence au lever du jour. C’est l’office le plus intime de la communauté monastique puisque peu de monde vient y participer et que les lectures avec la psalmodie entraînent un climat de prière plus intense.

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